Parti Anti Parti
Contre tous les partis politiques

Le simulacre de démocratie


Histoire d'un glissement de sens et d'une trahison


La démocratie représentative est un oxymore, ces deux termes sont contradictoires. De Platon à Rousseau, un régime représentatif ne peut pas être de nature démocratique. Aux Dix-huitième, il en était encore ainsi. Pour s’en convaincre il suffit de lire Sieyès, un des pères fondateurs de notre république : "Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n'ont pas de volonté particulière à imposer. S'ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet Etat représentatif ; ce serait un Etat démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n'est pas une démocratie (et la France ne saurait l'être), ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants." Ce dernier, chantre du libéralisme économique, avait dans l’idée de créer une constitution, pour la liberté de commerce de la bourgeoisie. C’est lui qui a organisé le coup d’État, cette trahison de la révolution, exécuté par Napoléon, qu’il est allé chercher à son retour d’Égypte.

Dans la bouche de beaucoup d'acteurs politiques de la révolution française, le mot démocratie avait un sens péjoratif. Il signifiait la démagogie, le chaos, l’excès, et servait à disqualifier l’adversaire. Pour que ce mot change de sens, il faudra attendre l’arrivée du suffrage universel en 1848, qui exclut les femmes, et avait été institué dans l’espoir de faire revenir le Roi. C’est en fait le neveu de Napoléon, qui a été élu, et a institué une dictature, comme l’avait fait son oncle. C’est à partir de ce moment-là, que l’on va associer ces deux mots contradictoires : démocratie représentative, puisque la représentation, ce n’est pas le pouvoir du peuple. En votant, le peuple entérine sa dépossession par l’élection, comme le disait Jean-Jacques Rousseau en parlant des anglais : "Le peuple anglais pense être libre ; il se trompe fort, il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement. Sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien."

Pour exclure le peuple de la démocratie, dans une bonne division du travail, il faut que chacun vaque à son emploi, car on ne peut pas tout faire, et surtout laisser aux personnes compétentes la direction des affaires politiques. L’argument de la compétence s’annule de lui-même, puisque le peuple n’est pas compétent, comment peut-il élire des personnes compétentes ? Comme le disait Valéry : "La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde." Regardez tous ces politiciens qui nous gouvernent depuis toujours, avec le nombre de chômeurs, de pauvres, avec la dette qui fait de nous, et des générations futurs, des esclaves ; en quoi ils sont compétents ? La seule compétence qu'il faut pour être mandaté, et je dis bien mandaté et pas représentant, c'est l'honnêteté. Le mandaté a comme son nom l'indique, un mandat par le peuple, il fait ce que le peuple lui demande en toute transparence, il est sous contrôle, pas comme le représentant.

Le peuple ne choisit pas les candidats pour qui il vote, c'est les médias et les partis politiques qui les sélectionnent, ces derniers ne représentent qu'une minorité de riches grâce à qui ils sont élus. Le bulletin de vote n'est qu'un blanc seing, une fois élus, ils peuvent faire le contraire de ce qu'ils ont promis. Nous ne sommes pas dans une démocratie, nous sommes dans une oligarchie ploutocratique, une klépto-cratie où seul un petit nombre gouverne grâce à leur puissance financière et des médias qu'ils possèdent ; mais surtout parce que nous, nous les laissons faire.

Ma liberté est limitée par celle des autres. Et la domination d'une oligarchie ploutocratique, comme dans un système avec une économie libérale, est un frein à la liberté du plus grand nombre. Seul dans une vraie démocratie, où tout le monde gouverne, la réalisation de la liberté du plus grand nombre est la plus grande. Je ne peux pas être libre si tout le monde n'est pas libre, ma liberté doit être corrélée à l'égalité, principe de la démocratie. Dans un système de domination sociale, où même la vie est marchandise, où la majorité des hommes sont contraints, pour survivre, de vendre leurs forces de travail à une minorité d'autres hommes, il n'y pas de liberté, mais des rapports de domination ; des libertés contraintes. Les libéraux veulent faire croire que tous les pauvres sont libres de devenir riches. La liberté de la démocratie s'oppose à la fausse liberté sans égalité du libéralisme.

Une démocratie, c'est quand le pouvoir tourne, pas toujours les mêmes, pas de cumul de mandats, pas de politiciens professionnels, pas de représentants qui peuvent faire le contraire de ce qu'ils ont promis, mais des élus mandatés, contrôlés avec des comptes à rendre au peuple et révocables. Une démocratie, c'est quand le peuple gouverne et pas une minorité de riches, c'est quand des citoyen(nes) sont tirés au sort, et pas quand le peuple choisit des candidats à élire, imposés par des partis politiques ou des médias.

Posted on 27. Dec, 2018 by LedK